mercredi 29 décembre 2010

Petits bonheurs

Il y a d'abord des discussions, parler de ce qui ne vas pas ca fait du bien d'abord à Bezalel à la cafétéria et puis par hasard en ville. Un soir, après l'oulpan, je décide de me promener à Mamilla, allée commerciale qui mène à la porte de Yaffo, une des entrées de la vieille ville. Les gens attablés aux cafés et restaurants entre amis me font envie, ca me rappelle les pots entre amis de Paris. Et puis sur le retour, une belle rencontre par hasard, avec une fille de mon groupe. On va prendre un verre, enfin !

Après c'est un week-end très sympathique, émouvant et instructif dans le Nord d'Israël. Nous avons été au village d'Ein Hod. Village composés uniquements d'artistes et qui a été malheureusement gravement touché par l'incendie qui a ravagé la région du Carmel à côté de Haïfa, il y a un mois.

Une autre soirée entre amies tard, après l'école, il y a deux jours encore par hasard.

Et puis, il y a mes projets qui n'avançaient pas d'autres qui foiraient complètement. La communication est compliquée. Et puis toute cette pression, tous ces gens qui ont hâtent de voir ce que sera ma prochaine pièce, ou qui me demande après avoir vu mes pièces ce que je fais ici, ça fait plaisir, c'est sûre d'une certaine façon mais en même temps c'est pas évident à gérer. La peur de faire quelque chose de "pas bien" a fait que pendant longtemps c'était le blocage complet. Puis à un moment donné, on se rend compte que je passe à côté de quelque chose, du plaisir de créer et tout simplement du plaisir d'être ici. Alors je décide de me faire plaisir (enfin), de laisser de côté cette peur du jugement ! Enjoy yourself every day, because every day is a new day !

Et cerise sur le gâteau, aujourd'hu, j'étais au paradis ! Une librairie de livres d'occasions immense avec des livres dans pleins de langues et bien sûre en français. Je me suis achetée pour 45 shekels (env 9 euros): Paroles de Jacques Prevert, un livre de science fiction et un essai sur l'art, "l'art et ses problèmes". Tout un programme !





A ces petits bonheurs....


mercredi 8 décembre 2010

Maison

Le dimanche, j'ai un cours à Bezalel qui s'intitule "Israël, place and culture", notre professeur s'adresse à un public d'étudiants étrangers majoritairement non juifs et essaie de nous donner une certaine vision d'Israël d'un point de vue sociologique et anthropologique. Je dirais que son objectif est de faire prendre conscience de la complexité de la situation dans laquelle se trouve Israël à travers des supports audio-visuels, des articles, des discussions et des visites.

La première chose importante à établir est la différence entre l'histoire et mémoire. L'histoire est objective et retrace les faits, la mémoire elle est vivante et est un support qui est utilisé pour construire une identité. Elle pioche dans l'histoire des évènements et les rend importants, fédérateurs, permettant ainsi de créer artificiellement une identité et de supporter la cause politique que l'on souhaite.
Ce postulat peut ébranler pas mal de choses... Si mon identité est artificielle, qui l'a créée ? Mon identité juive est-elle artificielle aussi bien que mon identité française ? Si mon identité juive est artificielle alors à quoi ça me sert d'essayer de la préserver en tentant de respecter un minimum la religion ? Si une identité est artificielle alors comment se définit-on ? Peut être en tant qu'humain tout simplement.

Autre point important, dans le discours rien n'est laissé au hasard, le simple fait également d'utiliser des mots plutôt que d'autres indiquent également un point de vue politique. Les gens de droite diront "judée-samarie" (du nom des tribus qui étaient installées à cet endroit dans les temps bibliques) et pas "cisjordanie" ou encore "yerida" signifiant "descente" et pas "émigration" pour quelqu'un qui émmigre dans un autre pays (par opposition à "Alyah" montée en Israël pour les nouveaux immigrants).

Enfin, ces derniers cours, un élement symbolise la problèmatique du conflit et de l'histoire récente des juifs : la maison. Sur ce sujet, voir le film d'Amos Gitaï de 1982 qui s'appelle "la maison".

Le concept de maison, en ce moment, ça me parle... Un jour que je finissais le cours d'oulpan, je me suis dis, chouette après cette longue journée, je vais maintenant pouvoir rentrer chez moi. Et là j'ai eu l'image de mon appartement à Paris. Un quart de seconde plus tard je me suis rendue compte que c'était pas possible et que la maison qui m'attendait c'était ma chambre à l'université, pas vraiment chez moi. D'ailleurs ici, rien n'est encore chez moi, j'ai laissé trop de livres, trop de traces de ma vie dans ma cave à Paris.

Sa maison, son chez soi, son toit, sa sécurité, l'endroit que chacun investit à sa manière, avec ses propres lois de décoration, de rangement et de propreté. On imagine la souffrance que cela doit être de fuir, d'être obligé de quitter sa maison parce qu'on est en danger de mort, et de devenir un réfugié. Et maintenant, que penser de réfugiés qui occupent une maison de réfugiés ?


mardi 7 décembre 2010

Hanouca

Le pays fête en ce moment, חנוכה, Hanouca. Hanouka, n'est pas une fête issue des commandements de la Torah, elle a été instituée par les rabbins. Elle rappelle deux miracles qui se sont passés au temps de l'occupation d'Israël par les grecs. Je ne vais pas raconter ici l'histoire car tout plein de sites la raconte déjà très bien.

C'est une fête très joyeuse, l'occasion de nombreux évènements culturels, festivals, soldes...La ville est embellie, illuminée par les bougies des candélabres que les gens placent, comme le veut la tradition devant leur porte ou devant la fenêtre. Dans la rues également, des candélabres électriques rappellent chaque soir le nombre de bougies allumées, et sur le chemin de l'université mes traditionnelles décorations de noël sont remplacées par des candélabres electriques !  Mais après avoir admiré tout cela, tout d'un coup, vraiment, ca me fait bizarre...
Route menant à l'université
Est ce que Paris, les décorations de Noël, la pluie, la grisaille et la neige me manquent ou alors c'est parce que j'ai enfin compris que j'étais dans un état juif ? Déjà, chez moi, on allume les bougies mais on les met pas à la fenêtre, façon de ne pas s'afficher aux yeux des autres certainement. Et puis, nous avons allumé les bougies à l'université. J'ai toujours été contre les sapins de Noël à l'école. Je me souviens qu'on m'avait regardé de travers en prépa parce que j'avais pas cotisé pour payer le sapin qui tronait au fond de la classe. J'ai toujours regardé Noël de l'extérieur et je le revendiquais. Peut être que je ne suis pas à l'aise parce que je célèbre généralement Hanoucah dans l'intimité familiale ou entre amis, en tout cas dans une sphère privée. Parce que la France est un pays laïque, et que sapin ou hanouciah dans l'enceinte de l'école, finalement je suis contre.

J'avais conscience jusqu'ici de la différence de vécu entre moi et les étudiants israéliens, par rapport à l'armée, par rapport au conflit, la sécurité ici n'a pas le même sens qu'en France. Ils sont globalement plus mures, plus vites (d'ailleurs je me sens toujours assez immature face à eux). Mais aussi parce qu'à la différence d'eux, j'ai toujours vécu dans un pays non juif, laïque, d'héritage religieux chrétien. Ici, ça paraît normal de dire aux commerçants "chabbat chalom" le vendredi, que les affichages électriques des bus te souhaient "joyeux hanoucah", que les horaires d'entrée et de sortie de chabbat soient inscrits aux portes de Jérusalem, que le week-end soit le vendredi et le samedi... Mais je me souviens aussi de ce que c'est d'être juif en France et des problématiques engendrées par la volonté de respecter un minimum la religion, un choix constant entre la vie sociale et la volonté de vivre son identité juive.

Mais finalement, quelle que soit la décision que je vais prendre, rester ici ou rentrer en France à la fin de l'année, je suis contente d'avoir vécu les deux expériences.