vendredi 27 janvier 2012

Boulot

J'ai trouvé du travail ! Après 4 mois d'hébreu intensif, j'ai (re)sauté dans le grand bain de la vie professionnelle, enfin ! C'est dans un grand atelier/usine de fabrication de bijoux qui se trouve à la sortie de Jérusalem (donc pas besoin de déménager!).
J'ai eu mon job par la voie israélienne classique, "je connaissais quelqu'un qui connaissait quelqu'un". En l'occurrence, c'était ma colloc qui travaillait là-bas depuis deux mois et qui a décidé de démissionné parce que travailler toute la journée assise à l'établi ne lui convenait pas.
Alors j'ai pris mon courage à deux mains et à deux pieds, et je me suis lancée dans une candidature en hébreu dans le texte. Bref, premier contact téléphonique, deux entretiens, présentation de mon travail, et en une semaine, j'étais embauchée. Le salaire est pas franchement pas très haut, pour dire vrai, je gagne à peu près en shekels ce que je gagnais en euros chez Deloitte - soit 5 fois moins, mais c'est un début et c'était une opportunité que je ne pouvais me permettre de laisser passer.
Les acquis sociaux en Israël sont franchement bien en retard par rapport à la France, droit à une journée de congés par mois (soit 12 au total) et mon plein temps c'est ...42,25h. De 7h du matin à 16h30 avec en tout 3/4 d'heures de pause.
Je m'habitue peu à peu à ce travail, j'apprends à fabriquer leur collection de cire et puis, j'essaie de me faire à la vie d'ouvrier, ce qui change quelque peu de la vie de cadre...et oui, il faut pointer.
Ils travaillent la cire d'une façon un peu différente, beaucoup par construction (ajout de cire fondue) plus que par déconstruction (limer/enlever de la matière), et la plupart de leur travaux se fait avec des grosses fraises cylindriques (genre de très grosses fraises fissures). Mon chef de service a appris tout seul alors il a ses propres techniques. J'en ressens d'ailleurs une gène, car ils font souvent la comparaison "tu as appris/j'ai appris tout seul" alors pour l'instant, il est pas vraiment bienvenue que j'applique les techniques que j'ai apprises, j'essaie de montrer pâtes blanche, parce que si j'utilise mes techniques je me fais limite engueuler genre "ici on fait différemment".

Voilà que je suis au coeur de la classe moyenne, populaire israélienne. Beaucoup d'ouvriers sont immigrants (plus ou moins nouveaux) et cela se ressent énormément. Le midi, les gens mangent par affinités, et par langue maternelle, les russes avec les russes, les éthiopiens avec les éthiopiens, les religieux avec les religieux, fumeurs avec fumeurs, moi pour l'instant je mange toute seule, et je m'en porte pas trop mal. Les comparaisons entre les avantages financiers reçus par les différentes communautés lors de leur alyah alimentent les rancunes, les commentaires sur les origines de chacun sont monnaies courantes. Evidemment tout ceci me rend malade...je ne suis pas venue en Israël pour entendre et ce genre de discrimination, ca m'enerve vraiment. Preuve que le racisme et l'intolérance est un défaut profondément humain.
En ce moment, à chaque fois que je rencontre quelqu'un de nouveau, il me pose deux questions : Est ce que je suis religieuse ? Et quelles sont les origines de mes parents ? 
Parce que je crois que j'ai tendance à brouiller les pistes, apparemment je m'habille parfois comme une religieuse (et oui, en Israël, on peut identifier le degré de religiosité de qqn par sa tenue vestimentaire...) et que j'ai une tête d'une ashkenaze alors que je suis sépharade, rajouter à cela j'ai trente ans et que j'en paraît 22, ca doit en dérouter plus d'un, et finalement, ca me plaît bien.
Alors voilà, c'est décidé la prochaine fois qu'on me pose ces questions (qui sont de l'ordre de l'intime et du privé) à mon sens, je réponds, "je suis juive ! ca te pose un problème ?".