samedi 31 décembre 2016

Culture insolite à Jerusalem

          Depuis quelques années maintenant, je suis heureuse de voir Jérusalem proposer une belle diversité culturelle et artistique. Elle est à mon sens de plus en plus dynamique grâce à des groupes de jeunes qui créent et s'investissent dans la ville qui les soutient financièrement. Par exemple "Rouah Hadacha" (new spirit) et le groupe "Muslala". Je ne sais plus trop ce qui se passe à Paris au niveau culturel "alternatif", mais à part les classiques musées, Jérusalem grouille d'initiatives. J'ai la sensation que ces jeunes ont soif d'autres choses, de culture, d'art, et qu'ils se sentent libres d'investir la ville et ses lieux pour aller au devant du public.
          Pour s'informer et trouver les détails de ces évènements, aujourd'hui, c'est essentiellement Facebook...Toutes les organisations d'évènements y publient le leur. On a même un groupe "Le guide du Jérusalem alternatif" qui recense pour chaque jour tous les évènements culturels concerts, gratuits, payants, dans des bars ou des grandes salles. Je recherche plutôt des petits espaces, des performances, de la musique en dehors des salles de concert, gratuits ou pour une participation symbolique ne dépassant pas les 30 shekels (6-7 euros). 

Voilà un petit horizon non exhaustif de ce que j'ai découvert.

Grâce aux affiches dans la rue, j'ai découvert l'école de théâtre visuel*, qui propose chaque année des représentations de leurs étudiants, chacune de leurs propositions sont plus étonnante que les autres, montrant un dynamisme, une liberté et une profonde réflexion repoussant les limites des règles classiques de représentation théâtrales.
 
Cet été il y a eu la série "Otsrout", créé par l'association Rouah Hadasha qui propose des soirées artistiques pluridisciplinaire dans des espaces différents à travers la ville. Dans le premier, l'espace était investi par des œuvres d'arts, photos, sculptures, vidéos, des mini-concerts, une performance apparemment créée pour l'occasion par deux comédiens. La seconde était dans un théâtre ayant pour thème le chant et la voix, et cette fois, performance, chorale, et un final où chaque personne présente participe à l'expérience et les artistes nous donne la possibilité de participer à une œuvre collective et éphémère

Le Shouk, le jour, c'est le marché permanent de la ville, la nuit, c'est l'endroit "in" de la capitale ! Les échoppes sont fermées et leur grilles décorées de portraits à la bombe, ici et là les bars s'ouvrent, les tables et chaises se déploient dans les allées et se remplissent des jeunes de la ville et de musique live. J'ai un petit pincement au cœur quand je vois aujourd'hui les échoppes de fruits et légumes fermer pour laisser place à des restaurants ou des bars. Manger au shouk est une expérience très sympathique car il grouille de mouvement, de vie et d'énergie et s'asseoir un instant en son cœur pour l'observer nous communique cette énergie. Mais il y a un risque aujourd'hui que la raison d'être du marché disparaisse et les restaurants à force d'ouvrir scient la branche sur laquelle ils s’assoient... Bref, il y a quelques semaines au shouk, un groupe de dance de Jérusalem, a organisé des performances de danse dans ou devant les bars la nuit, chaque demi-heure on pouvait découvrir un nouveau spectacle, d'une valeur inégale certes, mais j'avoue adorer cette façon d'investir et de s'approprier les lieux.

Beith Hansen*, un de mes lieux préférés de la ville, est un ancien hospice pour lépreux transformé en espace culturel, accueillant les étudiants de master de bezalel, une association d'artistes, des expositions d'art contemporain, la semaine du design, en été on peut profiter du jardin, et où se mêlent concerts et cinéma en plein air.

"Hamiffal"*, l'usine en hébreu. Un groupe de jeunes artistes s'est emparé d'une vieille maison pour la retaper, la transformer et en faire un lieu d'art recevant des concerts, des ateliers, une petite boutique et un bar/restaurant. Tout y est construit à partir de récupération, tout est prétexte à investir l'espace et à en créer une œuvre d'art. Ils ont une programmation musicale très riche et gratuite. Un jeudi soir, j'ai eu la chance d'assister au concert de "l'orchestre de rue de Jérusalem" (Jerusalem Street Orchestra), l'orchestre était tout proche, au même niveau que le public, informel et une accoustique géniale, dès les premières notes nous étions transportés.
 
Chaque année, vers le mois d'octobre, il y a Manofim, qui est le lancement de la saison artistique dans les galeries de Jérusalem. Le festival dure une semaine, chaque soir des conférences, des discussions, des performances dans les galeries réparties par quartiers. Le premier soir, un vernissage festif aidé par une navette qui permet d'aller visiter toutes les expositions à travers la ville. Ainsi, j'ai découvert l'ensemble de danse contemporaine "Kaet", ensemble composé uniquement d'hommes religieux (je les avais déjà vu sans le savoir à un autre festival, "toolsbox"). Dans le cadre de Manofim, ils ont proposé un extrait de leur nouveau spectacle dans le garage situé sous les ateliers d'artistes dans le quartier de Talpiot, quartier industriel de Jérusalem. Encore une expérience insolite, d'un concert et d'un spectable de danse dans un garage, au milieu des voitures et de l'odeur d'essence.

Et puis aussi, il y a le slam, organisé par l'équipe de "poetry slam" où des poètes déclament leur textes et sont notés par le public, ou encore une initiative qui n'existe plus, "salon concert", d'un jeune musicien qui proposait des concerts classiques dans le salon d'une superbe propriété de la moshava guermanite, comme ça, ouvert à tous.

Ce post manque de photos, j'en suis consciente, je prends rarement des photos, car les résultats sont moyens et aussi, j'ai la sensation de voler quelque chose en prenant la photo, mais je vais y remédier

*Les liens : 

Le guide du Jérusalem Alternatif

The school of visual theatre

Beith Hansen

 
Hamiffal
Poetry Slam
www.poetryslam.org.il
 
Ensemble Kaet
 
Rouah Hadacha
 
Muslala

jeudi 1 décembre 2016

Le funambule



Le fil est là, devant lui au-dessus du vide mais il le ne le traverse pas. Il a peur, peur de chuter, peur de prendre ce risque. Alors il reste au bord et observe les autres avancer.

Il se sent seul, construit sa bulle, coupé des autres qui continuent à avancer inlassablement. Il s’enferme dans cette cage absurde qui n’existe que pour lui et dont il ne peut plus sortir.       
Il n’a plus d’énergie, enfermé ainsi, plus d’envies, plus de désir. Il est comme un pantin. Il s’en remet au choix des autres, à leurs volontés, leurs décisions, il devient manipulable.
Cette situation l’insupporte mais il ne peut en sortir. Il vit dans un cercle aliénant, cercle vicieux dans lequel il ne peut que tourner et il en a la nausée.
Il ressasse ses mots, ses pensées sans cesse, ses phrases dans sa tête, il aimerait que cela change. Il se raconte toujours les mêmes histoires.
Le temps avance et lui il reste là immobile, au bord du gouffre.

Pourtant, un jour, le cercle s’arrête sur le mot liberté.

Liberté

Il réfléchit encore. Ce mot lui ouvre de nouvelles perspectives, il permet de provoquer une brèche. Il prend un peu plus conscience de lui-même, conscient de cette liberté à laquelle il a droit. Oui, enfin, il est libre de continuer lui-même sa vie et d’y mettre ses propres couleurs.
Le cercle est fêlé, il ne tourne plus aussi parfaitement, des couleurs apparaissent et éclairent sa morosité. Il brise le cercle qui devient chaos, prélude à la création de sa vie. C’est un chaos de couleurs.

Le funambule est face au gouffre. Enfin libre, il traverse le vide qui jusque-là l’effrayait.