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Comment
tu es arrivée au bijou ? Pourquoi ?
Depuis
adolescente, j’assemblais des bijoux en perle. J’aimais beaucoup les travaux
manuels, bijoux, tricots, couture, broderie, j’aimais donner corps aux
matériaux. Mais dans ma famille, le travail intellectuel prédominait sur le
travail manuel. Ainsi, même si l’envie de transformer ce loisir en métier était
présent depuis fort longtemps, il m’a fallu un peu de temps, de recul (et
d’économies !) avant de sauter le pas.
Les
bijoux sont pour moi un moyen d’expression et une mémoire portable. Le
bijoutier qui les dessine et leur donne vie offre « sa vision du
monde » à travers ces sculptures portables. Le porteur, lui, porte sur son
corps, un souvenir d’un instant, d’une période, d’un choix, correspondant au
moment où il a acquis et porté le bijou pour la première fois.
Quel a été ton parcours avant d’arriver à
l’AFEDAP, pourquoi avoir choisi cette école ?
J’ai
suivi une formation d’ingénieur et puis j’ai travaillé quatre ans et demi dans
un cabinet de conseil renommé. J’assistais les directions financières dans leur
processus comptables et financiers. Ce travail bien que très intéressant en soi
et très « challengeant » ne m’épanouissait pas vraiment. J’avais
envie de faire fonctionner et la tête et les mains ! une main et un
cerveau c’était le slogan que j’avais lu sur la plaquette de l’AFEDAP... La
décision de quitter mon travail ne s’est pas faite en un jour, la réflexion a
duré deux ans, visites des portes ouvertes des écoles de bijouterie, rencontre
avec un bijoutier, découverte de galerie. Je ne savais pas encore dans quoi
exactement je m’engageais mais j’avais ressenti qu’à l’AFEDAP je pourrais à la
fois apprendre techniques et processus de création. J’avais été impressionnée
lors des portes ouvertes par les diversités de propositions des élèves partant
des mêmes consignes d’exercices. Cet équilibre entre apprentissage rigoureux des
techniques et accompagnement de l’élève dans ses propres recherches m’a
beaucoup plu.
Qu’as-tu
découvert lors de ta formation ?
Les
soudures ! Ca c’est pour la technique, mais en réalité de façon plus
profonde, j’ai découvert le bijou contemporain et entrevue ce qu’était la
création. J’ai repoussé certaines limites. Je citerai par exemple un
cours/débat que nous avons eu en deuxième année avec Patricia Lemaire, en
charge de la section créa. La question était « qu’est-ce qu’une
bague ». Au début du cours, je nageais tranquillement dans une piscine,
avec ma définition bien claire de ce qu’était une bague, à la fin j’étais au
milieu de l’océan loin de tous continents !
Nous avions ensemble,
stagiaires et professeurs, ouverts des horizons nouveaux.
Quel
est le bijou que tu portes ?
Je
porte depuis une dizaine d’années, deux bracelets d’Algérie hérités via ma mère
d’une d’une arrière-grand-mère de sa famille. Il en avait 7 au départ et ensemble
ils formaient un « semainier ». Je porte rarement autre chose. C’est
peut être un comble pour un bijoutier, on me demande souvent pourquoi, mais je
porte très peu de bijoux.
Que
fais-tu aujourd’hui ?
Il
y a plusieurs années alors que je travaillais encore dans le conseil, j’avais
décidé de faire des bijoux une profession mais aussi d’émigrer en Israël. Afin
de m’aider dans ma transition et de connaître un peu l’environnement
« bijou » en Israël, j’ai étudié pendant un an, après l’AFEDAP, dans
le département bijoux et mode de Bezalel, l’académie d’art et design de
Jérusalem. Aujourd’hui, j’habite toujours à Jérusalem, je réalise mes propres
pièces et je recherche un poste chez un bijoutier.
Liberté, 2010
Pendentif
Maillechort, cuivre