Mercredi dernier, 23 mars, j'avais décidé de passer un peu de temps dans Jerusalem. Découvrir la ville sans vraiment d'objectifs précis, se laisser guider par son intuition. Après quelques détours, je retourne au centre culturel français, le centre Romain Gary qui est situé dans le quartier de la municipalité pas très loin de la vieille ville.
Plongée dans mes livres, j'entends les sirènes, je les remarque comme chaque fois que je les entends depuis que je suis ici, mais je ne perçois pas que cette fois leur nombre est inhabituel. Quelques secondes plus tard, une jeune femme dans la bibliothèque et dit "vous avez entendu ? Il y a eu un attentat à la gare centrale". Tristesse et peur mélée s'emparent de moi.
Juste le temps d'envoyer quelques sms pour prévenir que je vais bien et tous les réseaux téléphoniques sont brouillés. Seul internet fonctionne.
Je panique, j'ai peur, je pleure, je marche vers le centre ville pour rentrer chez moi au plus vite. Je décide de prendre le bus pour rentrer, parce qu'après remonter dans un bus ca sera encore plus dur. Quand je monte dans le bus, je scrute anormalement tous les passagers. Mon regarde s'attarde malgré moi sur les visages arabes, j'en ai honte mais je ne peux détourner mon regard.
Quand j'apprenais qu'il y avait eu un attentat en France, j'étais triste, solidaire mais cela restait tout de même loin de moi malgré tout. Là, c'est mon corps qui réagit. Je ressens cette peur, le fait que ca peut sauter partour à tout moment mais qu'il faut continuer à vivre. Terrorisme aveugle. L'attentat a tué une femme de 59 ans, une anglaise et a fait des dizaines de blessés dont 3 sérieux. Deux des filles de mon groupe étaient sur le trottoir d'en face.
Je ne me sens pas du tout invicible, je ne prierais pas Dieu pour qu'il me protège, je ne pense pas que rien ne pourras m'arriver. Mais j'essaie d'oublier, j'essaie de repenser aux jours d'avant où je n'avais pas peur.