vendredi 14 août 2015

Ouria Tadmor, photographe de rue

             Ouria Tadmor, photographe de rue habite et travaille à Jérusalem. Il travaille pour la presse et mène des projets personnels en parallèle. J'ai découvert son travail il y a peu au détour d'une exposition à Jérusalem, le festival "Toolbox" au cours duquel il présentait son premier livre de photographie : "Transit Jerusalem".


Extrait de "Transit Jerusalem"
       
   

       J'ai été tout de suite émue par ses photos. Il est vrai que le sujet lui même me touche particulièrement me déplaçant uniquement à pieds ou en transport en communs à Jérusalem, mais ce n'est pas seulement pour cela. Les photos d'Ouria Tadmor sont empreintes d'humanité et de questionnements. La sincérité de son travail monumental bouleverse. Pour une petite cinquantaine de photo présentées dans le livre, Ouria avait à choisir parmi 2 000 clichés qu'il a pris pendant 6 ans. Six ans à arpenter les stations, voyager et photographier dans les bus ou les tramway.

Ce sont des moments pris dans l'instant, l’œil du photographe accroche un regard, un mouvement de bus, une attitude. Ces nombreux éléments et effets visuels rythment ses photos. Les contrastes flous/nets, les lignes qui s'entrecroisent mais qui sont parfaitement droites, les jeux de réflexions des personnages, à travers les vitres et les miroirs, sont si bien orchestrés qu'on se laisse porter sans chercher à les comprendre. Car c'est finalement ainsi qu'il faut regarder les photos d'Ouria Tadmor, se laisser porter et se balader dans ses photos qui réservent des découvertes et étonnements qui ne peuvent être décelés au premier coup d’œil. L'artiste nous entraîne dans sa photo et c'est en s'y plongeant un long instant que l'on découvre peu à peu toutes ses surprises.

La démarche d'Ouria c'est de photographier Jérusalem dans sa simplicité, dans sa routine, dans sa banalité. Capter les hiérosolomytains dans leur quotidien, leurs courses au marché, leurs trajets vers leurs lieu de travail...Il recherche ainsi l'anti-exceptionnel devant l'exceptionnel de cette ville. Une question se pose alors, quelle est l'influence de la ville sur ses habitants ? Ces regards, ces attitudes, ces personnages auraient-ils été différents s'ils avaient habité dans une autre ville ? Ce qui m'a amené à me poser cette question à laquelle je n'avais jusqu'à présent pas répondu, pourquoi est ce que j'habite à Jérusalem ?...

Ouria explique également qu'il se tient à distance du conflit qui pèse sur la ville, qu'il ne veut pas le voir, ne pas l'entendre, ne veut pas le photographier. Mais il est difficile d'y échapper...Il me semble que "le conflit" le rattrape malgré lui. Le choix du tramway n'est pas anodin, il est un axe qui traverse et qui s'arrête dans des quartiers juifs et arabe et on y retrouve toutes les couleurs de Jérusalem. Mais il me semble que même si ce n'est pas le but de son livre, tous ces efforts pour fermer les yeux sont vains, c'est bien Jérusalem qu'il a photographié, ses habitants, leurs diversités et leurs oppositions.

*Festival Tools box, rouah hadacha...les jeunes de Jérusalem construisent Jérusalem. Leur site web, cliquez ici

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