mercredi 8 décembre 2010

Maison

Le dimanche, j'ai un cours à Bezalel qui s'intitule "Israël, place and culture", notre professeur s'adresse à un public d'étudiants étrangers majoritairement non juifs et essaie de nous donner une certaine vision d'Israël d'un point de vue sociologique et anthropologique. Je dirais que son objectif est de faire prendre conscience de la complexité de la situation dans laquelle se trouve Israël à travers des supports audio-visuels, des articles, des discussions et des visites.

La première chose importante à établir est la différence entre l'histoire et mémoire. L'histoire est objective et retrace les faits, la mémoire elle est vivante et est un support qui est utilisé pour construire une identité. Elle pioche dans l'histoire des évènements et les rend importants, fédérateurs, permettant ainsi de créer artificiellement une identité et de supporter la cause politique que l'on souhaite.
Ce postulat peut ébranler pas mal de choses... Si mon identité est artificielle, qui l'a créée ? Mon identité juive est-elle artificielle aussi bien que mon identité française ? Si mon identité juive est artificielle alors à quoi ça me sert d'essayer de la préserver en tentant de respecter un minimum la religion ? Si une identité est artificielle alors comment se définit-on ? Peut être en tant qu'humain tout simplement.

Autre point important, dans le discours rien n'est laissé au hasard, le simple fait également d'utiliser des mots plutôt que d'autres indiquent également un point de vue politique. Les gens de droite diront "judée-samarie" (du nom des tribus qui étaient installées à cet endroit dans les temps bibliques) et pas "cisjordanie" ou encore "yerida" signifiant "descente" et pas "émigration" pour quelqu'un qui émmigre dans un autre pays (par opposition à "Alyah" montée en Israël pour les nouveaux immigrants).

Enfin, ces derniers cours, un élement symbolise la problèmatique du conflit et de l'histoire récente des juifs : la maison. Sur ce sujet, voir le film d'Amos Gitaï de 1982 qui s'appelle "la maison".

Le concept de maison, en ce moment, ça me parle... Un jour que je finissais le cours d'oulpan, je me suis dis, chouette après cette longue journée, je vais maintenant pouvoir rentrer chez moi. Et là j'ai eu l'image de mon appartement à Paris. Un quart de seconde plus tard je me suis rendue compte que c'était pas possible et que la maison qui m'attendait c'était ma chambre à l'université, pas vraiment chez moi. D'ailleurs ici, rien n'est encore chez moi, j'ai laissé trop de livres, trop de traces de ma vie dans ma cave à Paris.

Sa maison, son chez soi, son toit, sa sécurité, l'endroit que chacun investit à sa manière, avec ses propres lois de décoration, de rangement et de propreté. On imagine la souffrance que cela doit être de fuir, d'être obligé de quitter sa maison parce qu'on est en danger de mort, et de devenir un réfugié. Et maintenant, que penser de réfugiés qui occupent une maison de réfugiés ?


2 commentaires:

  1. Coucou Judith!
    Il est beau ton texte... tu sais , se sentir chez soi, c'est surtout un état d'esprit. Certains sont capables de sentir partout chez eux.. d'autres uniquement dans leur cocon... Comme les fleurs, pour vivre, on a besoin de racines plus ou moins longue...
    J'ai l'impression que cette année va vraiment être un passage initiatique pour toi: tu te poses des questions fondamentales (bien plus profonde que celles que le quidam [=moi] se pose)... Mais ne t'oblige pas à trouver des réponses.. c'est parfois ces grandes interrogations qui font le charme de la vie, le charme d'une personnalité...
    Et puis parfois ca fait juste du bien de vivre avec autre chose qu'un cerveau en ébulition.. laisse toi aussi le temps des sensations, des sentiments: le soleil se lévera encore demain!
    Je pense bien fort à toi et j'espère te voir bientot (tu comptes rentre en france bientot?)

    Ophélie

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  2. Ce blog est un peu un condensé d'interrogation, mais n'est pas le reflet complet de ce que je vis ici. Enfin peut être que si car j'ai pas beaucoup exploré le pays "physique" ces derniers temps et il est vrai que pratiquement tout ce qu'on peut explorer peut avoir un arrière-goût politico-religieux.
    Enfin, c'est aussi pour permettre à mon cerveau de se reposer que j'ai décidé de rester en Israël entre les 2 semestres, explorer un peu le pays physiquement et pas toujours spirituellement !

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