lundi 20 septembre 2010

Craquage

Cela devait arriver, je le savais, la seule incertitude était : quand ?

Depuis le début de l'oulpan je ne suis pas satisfaite de notre prof d'hébreu mais j'ai tenté de prendre du recul et d'y prendre quand même ce que je pouvais prendre. Dès le deuxième cours j'avais été la voir pour en parler et ça avait un peu servi.

Aujourd'hui, à la demande générale, le cours a commencé par un film : Lébanon dont voici le synopsis (que j'ai lu après)...

"Je venais d'avoir 19 ans en mai 1982. La vie était belle. J'étais amoureux. Ensuite on m'a demandé de partir sur une base militaire et d'être le tireur du premier tank à traverser la frontière libanaise. Cela devait être une mission d'une journée toute simple mais ce fut une journée en enfer. Je n'avais jamais tué quelqu'un avant cette terrible journée. Je suis devenu une vraie machine à tuer. Quelque chose là-bas est mort en moi. Sortir ce tank de ma tête m'a pris plus de 20 ans. C'est mon histoire."

Je n'étais pas prête à voir ce film, pas aujourd'hui, ce n'était pas le bon moment pour moi. Trop de pensées se bousculent déjà dans ma tête. Ce message devait parler du "graffiti tour" que l'on a fait hier dans Tel-Aviv et qui a déjà remué en moi pas mal de choses sur ma vision de la société israélienne. Je n'ai pas supporté ces premières images. Si j'avais choisi de le voir à Paris dans une salle de cinéma, cela aurait été différent. Je dirais même c'est le genre de film que je serais allée voir car j'aurais eu besoin de comprendre. Mais J'ai reçu ces images d'horreur et j'avais envie de vomir. Alors je suis sortie et j'ai pleuré.

Je décide de revenir et d'attendre dehors la fin du film parce que si je suis partie c'est aussi parce que j'avais des choses à dire et que je me doute qu'un débat suivra. Mais lorsque je recontre la prof et que je lui explique en faisant l'effort de parler en hébreu, "je ne veux pas voir ce film", elle me répond, en anglais, "ça fait partie de l'oulpan". Je ne supporte pas cette réponse, non je ne suis pas obligé de voir ce film, je m'énèrve et je m'en vais, elle me laisse partir, sans essayer de comprendre. Si j'avais pu m'exprimer en français...

J'essaie alors de retrouver une certaine sérenité et je vais au bord de la mer. Ecouter le mouvement incessant des vagues me calment et me permet de prendre du recul. Face à moi, de l'autre côté de la méditerrannée, se trouve la France... 

5 commentaires:

  1. normal, je comprends... Discute avec les gens qui sont prêts à discuter, c'est tout. Quant à tes cours, cela fait partie du boulot, il y a forcément des gens avec qui on ne s'entend pas, mais on essaie de pas se laisser gâcher la vie par ça. Je sais, c'est facile à dire.

    Je t'envoie plein de courage pour supporter les gens qui ne communiquent pas. Et surtout, c'est le plus important, pour rencontrer les gens qui en valent la peine et qui te mériteront !

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  2. Merci June Prune ! L'orage est passé...

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  3. Allez courage ma grande! J'ai confiance en toi.. tu vas arriver à surmonter ce moment difficile!
    Pense à tout le reste...
    On est avec toi! et surtout ne te laisse pas déstabiliser!!! Ca serait vraiment dommage!!!
    Macaronde

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  4. ah ma Judith... j'ai envie de t'avoir ici pour qu'on passe une journée ensemble. Le monde n'est pas beau, on a l'espérance de se construire une belle vie mais si le cercle de notre existence est trop vaste , si nos yeux s'ouvrent trop grands trop longtemps, on voit l'horreur. Il faut savoir "voir bas" de temps en temps, regarder ses pieds ou juste un peu plus loin, histoire de faire comme tu as fait, marcher jusqu'au bord de la mer pour s'installer et juste, fixer l'horizon, hors les humains... Je t'embrasse
    Môm.

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  5. Merci pour vos messages de soutien, ça réchauffe le coeur. Aujourd'hui est déjà un jour meilleur !

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